27 décembre 2011

Aux Champs déguisés...

Deux passages à quelques semaines de distance : le premier vous stupéfie ou vous amuse, le second vous effondre. Emblème d'une France en déshérence: les illuminations des Champs Élysées au mieux vous dépriment, puis dégoûtent de tout au final. Jusqu'alors fer de lance de l'esthétisme hivernal, pour une féérie sans pareille, elles se ratatinent cette année à trois sordides anneaux lumineux par arbre comme pour une obscure fête foraine qui se chercherait festive ou une vulgaire grande surface qui tenterait l'avant gardisme décoratif auto-proclamé. On est sur la plus belle avenue du monde quand même, non ? MERDE !

Cette enfilade de triples cercles anéantit la majesté des arbres qu'on a maladroitement affublés de quelques simili-guirlandes censées refléter les couleurs des pauvres ronds, mais qui s'accrochent, au premier coup de vent, dans les branches à portée pour accentuer la désolation du tableau : nos Champs travestis en repoussantes zones d'épandage...

L'initiateur de ces laideurs sur socles coûteux aurait pu rattraper un chouia les choses en multipliant les effets de lumière des cercles honteux, en créant une rythmique colorée qui compense le mauvais goût initial. Éh ben non... il faut pousser le minable jusqu'à sa quintessence. Lors de ma venue première, début décembre, un bleu électrique pour tous les anneaux, dix minutes durant sans la moindre variation : goulag visuel, la tête coincée dans le frigidaire éclairé, le nez sur des restes rances de victuailles oubliées... A mon retour, le 25 décembre, blanc et rouge alternés avec, une fois par minute, un furtif effet virant vers le vieux rose : enchantement de la technique, paroxystique recherche du créateur ! Même englué dans les bouchons de la descente des Champs, pas d'autre variante que la faiblarde décrite.

Si on voulait faire mauvaise tronche à la face du monde, c'est une réussite magistrale. A moins que des exégètes péteux aient eu le soutien logistique pour défendre cette calamiteuse déco dans les réseaux touristiques.

Notre Avenue nationale s'en remettra, évidemment, mais comme symbole d'une année en chute libre avant celle d'un écrasement en fond de fosse, on ne pouvait trouver mieux.

« Aux Champs déguisés / Aux Champs déguisés / Noël et Saint-Sylvestre / sont trahis, enlaidis / Il y a tout c'que vous fuyez / Aux Champs déguisés ! »... Joe, ne reviens pas, ils ont tout salopé !

11 décembre 2011

Lyon, au faîte de sa lumière



Et les lumières fusent…

Faire abstraction de la multitude dans ses artères et absorber les projections lumineuses. Initiation à l’esthétisme d’une ville réinventée : des myriades de flammes du Huit aux ballets de couleurs sur bâtiments transmués, les sens exaltent.

J’entame par du grillage à poules, aux abords du lac de la Tête d’Or, pour un irréel vaporeux. J’effleure ensuite la crinière du cheval échappé de la fontaine Bartholdi, puis je grime vers la façade fraîchement restaurée de la Saint-Jean. D’une rive l’autre, les passerelles dévoilent leurs charmes : celle du Collège pour un soir pyrotechnique, celle de la Justice pour des feux de la rampe orchestrés sans fausse note.

Sous la bénédiction bleutée d’une basilique en suspens, les quartiers de Lugdunum s’illuminent et la pleine lune se devine, comme un signe céleste.

Une, deux, trois lumières ! Ne bougeons plus, la féérie s’opère...


(Photos prises par Loïc Decrauze)


05 novembre 2011

Quand les notes s’agencent…


Comme un appel du merveilleux avant les échéances tragiques, « It’s so cold ! » : l’élan expressif colore mon ascendante imprégnation. Ce toboggan musical bouleverse les repères, comme un air oxygénant… Reprise des ultimes notes pour ouvrir l’avant-scène paradisiaque. Vrombir, fendre la toile et laisser croître les sons épurés. Délaissons les heurts économico-financiers, mieux même ! larguons-les au bout d’une note, une seule, clef sur le sol enchanté de Coldplay. Oh ! ces dérives, ces désastres, permettons à l’ivresse poétique de les phagocyter pour une renaissance du temps mirifique : celui d’un projet, d’un objectif, de quelque espoir en ligne de mire. L’écho du babil spéculateur s’épuisera… peut-être !

La voix sacralisée du peuple, souveraineté à tester, et pas seulement chez les Grecs. Et après ? On fait quoi du passé ? Table rase, compteur à zéro pointé ? Soyons sincère : quelle empathie avons-nous pour nos aïeux et les souffrances collectives endurées ? Au mieux de la curiosité historique… La solidarité intergénérationnelle ? Foutaise… La démagocratie a régné sans partage des décennies pour faire du trou budgétaire des abysses incurables. En route pour l’ochlocratie et ses excès ? C’est le nez trempé dans la bouse que la génération en activité admet, et pas unanimement, les efforts à consentir pour simplement revenir à l’équilibre… En suspens harmonieux, la mélodie du quatuor britannique s’ancre, atténuant mes fulminations.

Chacun affiche de belles intentions, mais seule obsède sa condition personnelle : sauver sa mise pour son petit bout de vie agencé au mieux de ses capacités, de ce que l’on peut grappiller, quitte à crotter un peu, beaucoup, lamentablement la destinée collective.

Une dualité de dupes : soi et la société. Des intérêts incompatibles qu’occulte la fiction d’une souveraineté populaire qui insufflerait une sagesse sans faille. Pour nos gouvernants : gérer vaille que vaille pour tenter d’anticiper les effondrements, d’esquiver les plus gros obstacles et de s’en remettre à quoi ? J’espère pas aux billevesées religieuses qui voudraient s’imposer comme sacrées, intouchables alors qu’elles ne sont rien d’autres que des opinions très très relatives, du subjectif très très contestable…

Entre le cynisme de l’arriviste avide et l’intégrisme criminel du croyant, gardons le cap ! Allergique au panurgisme, réfractaire à toute conversion. Quelques notes de piano extraites de la treille musicale : quand la source coule… play ! et vogue par delà l’intolérable…

09 octobre 2011

Lions Yeux, Oreilles, Nez...

... pour affûter nos sens et entailler l'actualité.

La ville des sens : base idéale pour fustiger l’essence des vils. Lyon, pour croquer plus en profondeur les agités du cloaque. Tout en perspectives, en dénivelés dentelés, cette capitale de vie éclaire les voies à cheminer et celles à carboniser. Suffisamment vaste pour s’y fondre, assez intime pour s’y reconnaître, je loue son espace et me catapulte sans effort vers le bleu du ciel depuis ses berges enchanteresses.

Je n’ai évidemment pas attendu Stéphane Hessel pour réagir aux travers du monde. Dès 2005, je baptisais mon premier blog, à la technique rudimentaire, Indignation. Lyon, enfonçons sans retenue nos crocs dans la chair des tordus, élaguons les circonvolutions des postures convenues, arrachons la graisse pour dénuder l’os. Lyon, ta crinière rhôno-saônienne influence mes confluences enflammées. Savoir prendre l’élan depuis ton double i, échasses efficaces pour transcender sa vision des soubresauts du temps.

Visiblement, Al Qaida vient de ridiculiser le discours négationniste de l’insane Ahmadinejad et, à travers sa repoussante carcasse, de tous les complotistes qui font leur beurre par la remise en cause des évidences du Onze Septembre. La nébuleuse terroriste réaffirme avec force la paternité du plus gros attentat jamais commis, ravalant le dirigeant iranien à un suppôt des Américains qui ne trouverait rien de mieux que de nier la capacité d’Al Qaida à effectuer un tel coup de force. C’est la plus cinglante réponse qu’on pouvait espérer : un peu comme si Hitler lui-même venait botter le cul de tous les révisionnistes en leur rappelant l’efficacité de sa Solution finale, fours crématoires et chambres à gaz inclus.

Curieuse naïveté des adeptes du complot qui ont cru au silence complaisant des ennemis de l’Occident. Ces démonstrations pseudo scientifiques sonnent comme l’insupportable relégation de leur sanglant coup de maître en minable tromperie sur le déroulé des événements et leurs protagonistes. A force de n’avoir en ligne de mire que le Grand Satan Sam, ils ont négligé l’affront que pouvait constituer leur logorrhée argumentative chez les disciples de feu Oussama.

Ne doutons pas de la ressource régénérative des phares de l’escroquerie intellectuelle. Les anonymes de la toile n’auront aucune difficulté à se carapater sans un mot d’excuse ou de regret en attendant que les meneurs trouvent une nouvelle faille à la version officielle renforcée puisqu’elle est revendiquée par les deux parties ennemies. Les Meyssan and Co vont sans doute révéler une machination anglo-saxonne au cœur de l’organe de propagande al qaidien…

A écouter le yoyo rhétorique des experts économico-financiers, l’humeur s’écartèle sans accroche certaine.

Alors qu’on connaît depuis ses débuts la part dévastatrice du nucléaire, on commence tout juste à découvrir les menaces que nous fait courir l’informatique algorithmée via le grand casino boursier. La recette explosive pour générer un effondrement systémique suivi d’une dépression mondiale : des dettes souveraines hors de contrôle, un panurgisme démultiplié au son de la rumeur et l’amplification des mouvements par des algorithmes déchaînés. Derrière ce trio à l’œuvre, tel un activateur d’anti-économie, des sociétés en lambeaux prêtes à s’étriper pour quelque prétexte exacerbé.

La senteur des affaires d’Etat écœure : un peu comme si l’on nous obligeait à plonger dans un alcool de truffes pourries. Les remontées karachiennes rendent l’opportunisme d’un Balladur encore plus méprisable. Son discours ronronnant et policé cachait donc la salauderie des rétro-commissions… En face, le Chirac a parfaitement su éviter la claque finale par une pirouette cérébrale : le service rendu à la nation méritait bien une Justice sourde et aveugle. On ne traite pas un ancien locataire de l’Élysée comme un vulgaire délinquant anonyme… Les adages, les devises et les principes ne valent que pour les façades et une Constitution de la Cinquième… colonne sûrement. Le président du Conseil constitutionnel d’alors a bien sûr validé les comptes de campagne des deux tripatouilleurs en lice, pour compléter le panorama. La chansonnette institutionnelle du Roland n’a vraiment aucun panache : Dumas envers et contre tout l’intérêt général !

Et dire que les disciples de tout ce petit monde sont en charge de l’État ou prêts à le diriger…

22 septembre 2011

Europe : un État ou l’implosion

Malgré des berges du Rhône encore ensoleillées, la débâcle ne semble pouvoir s’évaporer. Les couleurs feutrées d’une fin d’été peinent à voiler le gris-catastrophe qui nous enturbanne, alors que d’autres, sinistres illuminés, appliquent au pied de la tête la décriée caricature de Kurt Westergaar explosant ainsi l’ancien président afghan Rabbani et quelques vies dans une pleine et entière liberté d’expression… terroriste. Je digresse…

Déclaration de Schuman - 9 mai 1950
Combien de temps va-t-on encore rester au milieu du gué à ne prendre aucune décision d’envergure qui permette un électrochoc européen pour un choix définitif ? Il faut que les vingt-sept États de l’Union (moins, si certains sont réfractaires à ce genre d’opération vérité) organisent un référendum à date unique pour un dilemme simple : voulez-vous de l’Europe fédérale ou d’un retour aux nations pleinement souveraines ?

L’entre-deux de l’UE a échoué. Le petit pas de 2005 a été celui de trop suite à des erreurs politiques majeures qui ont flingué un projet ambitieux au profit d’une stagnation fatale.

Il n’est plus temps d’attendre que les prêteurs internationaux décident en lieu et place des peuples. Que chacun d’entre-nous se positionne en son âme et conscience : des États à l’aune de ce qu’ils peuvent individuellement ou l’intégration achevée au nom d’une solidarité européenne qui prendra alors tout son sens.

L’angoisse croissante des experts ne laisse plus de côté l’hypothèse d’une montée des antagonismes haineux entre nations. Soixante ans de construction pour un retour à la case départ ? Alors que la majorité européenne qui l’aura décidé l’assume plutôt que de se défouler sur des gouvernants sans souffle. Au lieu de cela on bricole, on s’illusionne, puis on attend que le cyclone systémique nous emporte.

Que vaudra la prochaine élection présidentielle si, dès le lendemain, la sacralisée note française s’effondre car la réalité du gouffre déficitaire l’imposera, empêchant de facto la mise en œuvre de tout programme qui ne s’articulerait pas autour d’une austérité drastique ? Les Français sont dès aujourd’hui des Grecs en puissance… en faiblesse extrême.

Alors que les égoïsmes nationaux s’expriment, mais sans le facile paravent des dirigeants. Qu’il soit acté, un même jour de vote, bien plus crucial que notre jeu d’ombres présidentielles, la séparation des nations de l’UE pour le pire. Ainsi plus de faux-semblant, mais de l’assumé jusqu’au fond des tripes.

A moins que cette belle Europe, qui a fait fondre Zeus lui-même, ne soit pas qu’une mythologie.

11 septembre 2011

11.09.2001 : dis-en plus ! Dis, mens encore !

En cette journée des dix ans du Onze, je persiste dans la position minoritaire et m’obstine dans la version du bon sens et de la logique. Le Science & Vie du mois devrait être lu par les 54 % d’humains qui sont convaincus que les attaques n’ont pas été menées par Al Qaida (sondage international de 2008). La théorie du complot se nourrit d’arguments-tonneaux donnant l’impression d’avancer vers la réalité qu’on nous cacherait.

Le Faurisson de cette tragédie, Thierry Meyssan, initie le mouvement en mars 2002. Depuis, la toile colporte toutes sortes de démonstrations pseudo scientifiques exactement comme le faisaient les Annales d’histoire révisionniste sur la Solution finale. Sereinement, le magazine de référence les démonte une à une.

-          L’effondrement des tours sur elles-mêmes, révélateur de l’installation préalable d’explosifs. L’énergie cinétique de structures fragilisées par l’impact monumental suivi de gigantesques incendies suffit à expliquer ce phénomène d’ailleurs imparfait comme le montrent les images. La partie supérieure de la tour 2 s’écroule sur le côté et la tour 1 laisse s’échapper en gerbes de gros morceaux.

-          La présence d’explosions révélatrices d’une volonté que ces tours ne restent pas debout. Depuis quand des incendies d’une telle ampleur, dans un milieu bourré de multiples composés chimiques, se déroulent-ils dans un silence religieux ? Plus de 30 000 litres de kérosène coulant dans chaque tour ne provoqueraient aucune déflagration ? Le constater serait suspect, tout pompier le confirmerait.

-          La multiplication de squibs lors des effondrements, révélateur à nouveau de la présence d’explosifs. Là, on est vraiment dans l’amateurisme argumentatif. N’importe quel écroulement crée une surpression avec ce qui se trouve en dessous, l’air présent devant bien se déplacer quelque part. L’explosion de vitres avec l’expulsion de matières s’impose sans qu’il soit besoin de délirer sur l’origine.

-        Avoir de l'acier en fusion est impossible par la simple action d’incendies. Et pourquoi le métal fondu repéré serait forcément de l’acier ? Que trouve-t-on en quantité dans un avion de ligne ? De l’aluminium qui fond dès 600 degrés, température largement dépassée dans certaines zones de la fournaise du WTC.

-          De la thermite aurait été déposée sur les structures en acier pour les faire fondre, comme l’attesterait la présence dans les débris d’un mélange de soufre, d’aluminium et d’oxyde ferrique. Là, je renvoie à l’explication minutieuse de Science & Vie, mais le simple bon sens suffirait à contrecarrer les allusions : la mise à bas en moins de deux heures de ces gigantesques masses aux composants multiples a forcément engendré des réactions physico-chimiques hors norme. De là, une interprétation orientée peut faire parler des preuves pour abreuver son sordide moulin idéologique.

-          Des débris métalliques ont une taille similaire, comme pour faciliter le déblaiement suite à une destruction programmée. Je ne connaissais pas cet argument-tonneau des conspirationnistes… Rien ne les arrête, même le crétinisme achevé… Il ne leur vient pas à l’esprit que les parties les plus fragiles ayant cédé en premier sont justement les extrémités et que les longueurs si facilement transportables avaient été fixées lors de la construction et non pour l’enlèvement après dynamitage.

-          Aucun avion ne s’est écrasé sur le Pentagone, thèse à succès du Meyssan. Au-delà de l’imbécillité infinie de croire qu’un pouvoir politique donnerait l’ordre à son armée de tirer sur son centre de commandement, il existe des faits et des témoignages imparables. Le trou engendré par l’impact fait une trentaine de mètres de largeur et non cinq comme le montreraient certains clichés envahis par la fumée et l’eau déversée. En survolant l’autoroute à basse altitude, l’avion a sectionné plusieurs lampadaires espacés de 25 mètres. Des centaines de témoignages, dont celui d’un journaliste « insoupçonnable de collusion avec le pouvoir » confirment la présence d’un avion… Enfin, la liste des victimes et les nombreux débris retrouvés et photographiés démontent l’insane pitrerie de Meyssan.

En psychologie, trois indications à méditer :
La rhétorique des théories du complot : «  présenter une série d’indices comme des effets présumés de causes qui, en réalité, sont absentes. »
« Le besoin de se sentir maître de la situation est si fort que les individus vont produire des informations à partir du bruit pour retrouver un cadre stable. »
« Les militants du complot n’écoutent que leurs semblables et n’entendent que ce qui les agrée. »
Peine perdue, donc de vouloir persuader les Bigard, Boutin, Cotillard, Fo, Le Pen, Sheen, Stone et tous les anonymes dont le doute suspicieux est ancré.

Ne serait-il pas préférable d’acter la réalité d’attentats commis par Al Qaida et d’approfondir l’analyse géopolitique, quitte à se montrer très sévère à l’égard du pouvoir Bush de l’époque, plutôt que de vouloir blanchir une organisation terroriste internationale responsable de dizaines d’attentats sur la planète ? Rappelons que certains hauts responsables de la nébuleuse ont eux-mêmes revendiqué la paternité du Onze Septembre. Dès le 12 Septembre 2001 j’écrivais « A force de donner les bons et mauvais points, de soutenir puis de rejeter tel ou tel par stratégie politique, le Gendarme du Monde vient de subir un terrifiant retour de boomerang. »

Evacuons, le temps d’une journée, ces polémiques pour concentrer nos pensées sur les 2976 victimes du Onze Septembre.

05 septembre 2011

Au gueuleton de Brassens


Auprès de son arbre, je voudrais rester pour mieux digérer le monde qui se lézarde. Au bois de son cœur, nos vagabondes pensées s’aiguiseront contre les pitres tirailleurs. En tous sens, au tréfonds désabusé, ils s’ingénient à faire mourir les autres pour leurs ineptes idées. A cette valetaille de jusqu’aux boutistes, aux fossoyeurs d’une douce rentrée, je souhaite une cohorte de gorilles obsédés.

Le temps ne fait décidément rien à l’affaire : la technique galopant vers le confort ultime, l’humanité s’étourdissant dans un ballet moutonnier à la sauce Panurge. Une lueur, tout de même : si quelques Rois ont toujours des cons pour leur servir la soupe, des peuples ardents dégagent ces tartuffes qui monopolisent le pouvoir ; un long, un petit, un frisotté, un empâté… Une maturité populaire dont nous, qui sommes nés quelque part en France, devrions nous inspirer pour empêcher la Marine de jeter ses amarres sur nos terres.

Alors oui, divin Brassens, je trinque à ta mauvaise réputation persistante, toi qui as laissé croître tant de vers dressés comme autant de mauvaises herbes urticantes. Voyou poète à la trompette débouchée, vous arrachiez les guêtres suspectes des faussaires emplumés. En vous, vraiment, il n’y a rien à jeter : d’abord et surtout mécréant pornographe à perpétuer comme une précieuse résistance à l’ère du tant religieux. Pudibonds et censeurs de tout voile garnissez-vous ! car le Moyenâgeux a des disciples qui vous foutront jusqu’à la garde pour dégorger vos préceptes.

Multiplier les rendez-vous musicaux avec vous pour ne pas flancher face aux croquants de la finance, aux experts en concurrence déloyale, aux casseurs de vie qui se gargarisent tant et plus. Vivifiez notre esprit, Monsieur Brassens, et nos poings dans leur moche tronche en seront plus lourds, avec tout l’irrespect qu’on leur doit.

Non, je n’attendrais pas le Vingt-Deux Septembre, et encore moins le Vingt-Neuf Octobre pour passer le pont avec celui qui a mal tourné et fondre sur les papillons en fête à l’ombre du cœur de ma mie. Laissons derrière nous les sanglants vergers des rois boiteux, improvisons, comme au temps jadis, une ballade en chaleureuse compagnie. Retrouvons-nous sous le grand chêne, avant que les opportunistes ne se pressent, étreignons-nous affectivement, avant que les charognards ne le dépècent.

Toi d’abord, Jeanne ma bonté, pas très loin de ton compagnon au cœur chaud, l’Auvergnat qui me sourit, qui me comprend. Jeanne, femme d’Hector peut-être, trésor de femme sans nul doute, tu entraînes dans ton sillage ceux dont la société ne veut plus sous ses cieux imbus de performances, de résultats et de culbutes… financières : la brave Margot et le pauvre Martin, le petit joueur de flûteau et ce vieux Léon en proie au siècle d’airain. Sur ta lancée, garde aussi le doux Bonhomme et son impeccable Pénélope, celle qui eut voulu, par une subversive distraction, être surnommée « Petit Verglas » pour enivrer quelque poète éperdu. Passons le ruisseau, là où trempèrent les vénérés orteils d’Hélène, à sucer sans retenue, où se reflétèrent les silhouettes de Marinette et de troublantes passantes croisées entre loup et chien par une fraîche fin d’été, comme une promesse d’humanité, la vraie pas la soldée du XXIème siècle. Tapis de mousse sous toit feuillu : couche idéale pour convier la bandante Fernande, Mélanie l’inassouvie et ses trente cierges, comme une paillarde supplique pour que tu nous reviennes.

Je loue vos belles figures féminines, mais je néglige vos pics misogynes. Maux infinitésimaux lorsqu’on les compare à ceux des mâles copains : eux d’abord, quatre-vingt-quinze fois sur cent, les promoteurs d’hécatombes, les faiseurs de 14-18, les exécuteurs de malheureuses Tondues… Cupidon s’en fout, certes, mais la Camarde a tout du travesti aux gonades explosives.

Restons encore sur ce banc, au vent fripon, mirer les mirages aquatiques de la si claire fontaine. Une rose à humer, une bouteille à partager et nos mains à serrer sans arrière pensée. Par un soir d'orage, le petit cheval fut foudroyé.



17 août 2011

Camp, crèveras-tu ?

Je me satisferais bien de quelque bouc émissaire. Petit tour humiliant sur la sellette avant l’appel à neutralisation physique. Facile à faire croître, à entretenir chez des peuples aux espoirs en fonte vertigineuse. Foutre son poing dans la tronche de ces banquiers joueurs de casino-bourse ; dynamiter les agences de notation, délétère dopant du panurgisme financier ; écharper les spéculateurs sans foi et aux lois d’exception… Faciles responsables de notre bord du gouffre.

Des décennies de complaisance démocratique ont laissé filer les déficits : la fin des Trente Dispendieuses passe par la mise forcée de notre système redistributif à l’aune de nos moyens réels. La douloureuse affaire est collective et ne peut se résumer à la mise au ban de la société d’une fraction d’elle.

Sujet collectif et européen. Depuis 2005, l’Union a perdu son souffle. Une minorité du peuple européen a décidé qu’il n’y aurait pas l’amorce du pas politique proposé, pour des raisons aussi variées qu’incompatibles, et depuis plus rien, stagnation technocratique.

A l’heure grave d’un possible effondrement du système économico-financier, plus le temps de complexifier les positions : soit chaque pays reprend sa souveraineté pleine et entière, monnaie comprise, pour vivre son nationalisme social avec les moyens que lui laisseront ses finances publiques, soit nous programmons le fédéralisme comme inéluctable voie de salut couplée à une austérité solidaire des peuples.

A chacun son camp. On peut croire, comme la Le Pen qui nous bassine, aux vertus miraculeuses d’une sortie de l’Euro. Je voudrais voir la tronche de ses partisans cinq ans plus tard lorsqu’ils iront, pour ceux en ayant encore les moyens, payer leur pain avec une brouette de francs tellement indépendants qu’ils en auront réussi à s’affranchir de toute valeur pécuniaire viable. En route pour le nouveau nouveau Franc ultra light, idéal pour faire maigrir son peuple…

Se souvenir que l’Euro n’avait de sens qu’avec une gouvernance politique forte. Successeur logique d’une Communauté européenne du Charbon et de l’Acier qui a vacciné contre une nouvelle guerre le Continent en cicatrisation. Réussite totale avec même le luxe d’intégrer les ex pays de l’Est avant d’avoir changé les institutions : erreur historique que nous payons depuis et qui risque de mettre en péril ce grand œuvre de civilisation faute de rappel préservant du délitement.

Tout cela se culbute dans mon crâne et je grimpe vers le Konzentrationslager Natzweiler-Struthof. A gauche, la « lanterne des morts » : arrêt ému devant ce sanctuaire où la terre et le gazon recouvrent les cendres des victimes de cette solution érigée comme finale – « Endlösung, sa beauté ruisselante » dit Les Bienveillantes. Vies sacrifiées pour satisfaire le concept, pour servir l’idéologie… Faire mourir pour ses idées, l’idée est effrayante, mais inhérente aux assoiffés de pouvoir.

Je passe la monumentale entrée de bois et de barbelés qui m’écrase de son passé. Là, l’espace m’accroche à la gorge : dans ce large cocon vert en pente, des baraquements lugubres. Il faut descendre en longeant le « ravin de la mort ». Scruter l’endroit verdoyant, scruter davantage pour y ressentir les corps qui s’effondrent sous les rafales. Ne rien négliger pour ne pas se faire surprendre par le pire alors inéluctable…

Au bas, deux blocks. A droite, celui où l’on expérimente, où l’on torture, où l’on crame ! Rester un peu, la nausée montant à soixante-dix ans de distance. A gauche, un peu en retrait, le block cellulaire pour détenus réfractaires. On entasse dans des cellules ou, pour les plus subversifs, on laisse crever dans des geôlettes individuelles. Sophistication de l’atroce : un volume et une surface ne permettant ni la station debout ni la position assise. L’entre-deux insupportable pour faire expier le responsable désigné, la vermine source de nos maux…

Au soleil déclinant, j’ai laissé cette concentration de l’abomination incarnée pour choisir mon camp : loin du doctrinaire simpliste aux remèdes affriolants.

(Photos prises par L. Decrauze)

Chronique publiée sur Agoravox et Le Monde

07 juillet 2011

Des bandits pas manchots pour un sou

Il était une fois une ‘tite Créancia à qui l’on avait prédit une longue et juteuse existence. Et le fait fut.

Elle était née, au détour d’une année de crise économique à la fin du XXème siècle, de la volonté de Big Bisounours, le Vorace tout de vert vêtu. Il lui avait déniché un débiteur au cuir tendre, bleu en affaires, englué dans ses sociétés en perdition, réfugié dans un sordide Purgatoire parisien et surtout à la moelle sonnante… Ne restait plus qu’à le faire trébucher pour assurer les beaux jours de sa protégée.

Pour cela, une arme magique : le droit hexagonal. A la première défaillance de la proie, se précipiter chez le Juge pour obtenir une belle ordonnance d’injonction de payer, qui fait fi de tout débat contradictoire, la faire signifier par un agent assermenté qui s’arrangera pour que le débiteur nourricier ne l’ait jamais en main. Moins de trois mois plus tard, aller faire apposer le sésame exécutoire et hop ! le tour est joué !

Va ma ‘tite Créancia t’étoffer sans bruit faire… tu as tout le temps pour toi : trente ans pour te gaver. Miam ! miam ! Te voilà à la tête du plus long délai prescriptif, hors l’inatteignable crime contre l’humanité. Regarde tes pénaux cousins, les vilains meurtre, viol, trafic de drogue, braquage, enlèvement… Eux, en dix ans, c’est fini : à la trappe ! Va comprendre ce qui motivait notre Justice jusqu’à une réforme récente, mais pas rétroactive… C’est bon pour toi ma joufflue Créancia.

Merveilleuse contrée juridique. Big Bisounours vert n’a plus qu’à attendre le moment adéquat pour exiger l’exécution ou, mieux encore, faire adopter la Créancia par un compère encore plus glouton. Pour ce faire, une trouvaille outre atlantique : la cession de créance par titrisation. L’infection du système financier mondial par les subprimes révélée en 2007 et qui a failli tous nous engloutir, ça vous rappelle quelque chose ? Et bien dans notre vieille France aussi ça se pratique sans vergogne.

Pour faciliter la culbute spéculative des adoptants de Créancias en masse, le Législateur s’est torché avec l’article 1690 du Code civil et, plus fort encore, avec l’article premier de notre Déclaration des droits de l’homme et du citoyen, tout débiteur puisse-t-il être. C’est pour tes bourrelets d’intérêts mon engraissée Créancia ! L’article L214-43 alinéa 8 du Code monétaire et financier dispense du devoir d’informer le débiteur, source du profit, de la venue d’un nouveau tuteur pour l’empesée Créancia… Du quasi biblique : selon qui sera l’adoptant tu auras droit ou pas à ton statut protecteur. Ne serait-ce pas de la magistrale rupture d’égalité des citoyens devant la loi ça ? Seul coup d’arrêt possible : soulever une Question prioritaire de constitutionnalité pour mettre un terme à cette impunité financière.

Attendre encore, pour avoir une Créancia à monstrueuse maturité avec près de 300% de prise de poids monétaire : voilà la finalité. Et puis, d’un coup, après quatorze ans de silence, multiplier appels et courriers pour obtenir un versement, un seul, et le piège s’accomplira. Principal et intérêts de la dette seront alors confondus et pourront être récupérés par tous moyens : faire dégorger ce débiteur pour que notre Créancia s’accomplisse. Et si les relances n’harnachent pas le bougre, il faudra retourner à la case Signification de l’ordonnance exécutoire augmentée de toutes ces années d’intérêts rondement calculés. Voilà comment faire une manne de rendement financier de ce qui, dans l’esprit de la loi – mais en a-t-elle encore vraiment avec un tel géniteur lobotomisant ? – doit servir à pallier les difficultés provisoires du débiteur ou l’incapacité à le retrouver.

Pour la grosse Créancia ne compte que l’engrangement maximal avant la succion finale, celle qui lui fera défoncer le plancher du contrat social et de ses principes élémentaires.

Mise et gagne : impasse humaine mais boulevard financier !

"Les hommes d'action manquent ordinairement de l'activité supérieure : je veux dire l'individuelle. (...) On ne peut, par exemple, demander au banquier qui amasse de l'argent le but de son incessante activité ; elle est irraisonnée. Les gens d'action roulent comme roule la pierre, suivant la loi brute mécanique" (Friedrich Nietzsche, Humain trop humain, n°283)


Pour prolonger le conte sordide, si le coeur bien accroché vous en dit.


Coup de pouce... dans l’cul !, 25 Janvier 2008,
- Angles de vie, 16 Mars 2008
Les gras sous, 20 Septembre 2008,
En vert et pour tout... financer, 11 Février 2010,
Prose vagabonde, 18 Avril 2010,
Dark Kerviel & Mister Pool, 10 Octobre 2010.


27 juin 2011

Parabole désorientée

Des crocs dans l'ombre guettent la faille pour déchirer les tissus. A perte de vue plus rien ne rime : magma "plasmique" à nourrir coûte que coûte. Reste quoi ? Une farandole aux arabesques sordides qui monopolise l'attention sur l'apparence d'un monde en chaos.

Ça se mâche sans fin tant qu'on n'est pas trituré dans sa chair. Ce déchaînement règle le compte des plus fragiles, les déconnectant pour toujours : piètre perte, très profitable aux arrangeurs du buzz.
"Rien à buzzer aujourd'hui ?" s'angoisse le maniaque sur toile, la souris entre les cannes... Pourquoi taire ce qui pourrait suffire à salir son prochain ? Plus qu'à aller faire titriser ses déjections en les confiant aux menottes expertes des charognards de la finance.

Univers d'Internet en constante dilatation, un peu comme si nous tentions, pauvres hères,  d'approcher en virtuel le Tout infini qui nous dépasse et face auquel nos élans se ratatinent.

A moi le cocon vert déserté de la Tête d'Or pour ragaillardir mon souffle : rondeurs feuillues, allées de pierres joliment serpentantes, massifs fleuris et un banc vert pour le fondement. Surplus à évacuer sans circonvolutions :   attendu qu'ils m'incommodent... par ce motif, qu'ils dégagent !

Dans l'attente du trou à cadavre, je me refais volontiers une charretée de samedis soirs sans fréquentation, avec le seul Lieutenant Colombo, urticant pour ses congénères, efficace révélateur de leurs vices criminels.
Après la surdose en série, j'explore quelques zones dévastées ouvertes aux quatre bourrasques. La petite vieille explose du talon de secs quignons de pain pour nourrir piafs et canards des bords du Rhône juste devant la péniche "Nid d'Amour". J'égrène les remugles d'un encombrant passé, hypothéquant encore une pure respiration lyonnaise. Naviguer entre attaque et défense pour la plus favorable sentence.


Texte paru sur le site du journal Le Monde

06 juin 2011

La Gaule lévite !

Gâtée la France, la voilà dotée d’un attelage de panseurs des plus équilibrés. A gauche, l’indomptable Lévy. A défaut de nous refaire le coup du nouveau philosophe, il lance un nouvel humanisme : la défense de l’Homme à tout prix… y compris contre la femme. A droite, Ferry le sauvage tente, le cul entre deux baises, de s’ériger chantre de la poisseuse rumeur. Son arrière-grand-oncle flanquait les enfants à l’école laïque, lui fait mine de les retirer des griffes d’un partouzard haut placé.

Quelques gorgeons libérateurs et la panse se vide sur le zinc médiatique. Ça tache un max, ça indigne l’auditoire imbibé, chacun se repaît de la part sordide de l’autre sans assumer ses propres travers. L’époque se vautre au point de mettre sur le même plan la poursuite réelle pour agression sexuelle et le renvoi gastrique d’un ex ministre de l’éducation qui en torche un autre. Éruptives éructations qui décrédibilisent la source au courroux différé de plusieurs années. « Pavé dans la mare » gronde-t-il le fondement dans la vase : il pousse fort et loin la polémique pour faire croire à l’ébullition du cloaque.

Glaire et pet, fresque organique des deux grandes familles politiques qui s’envoient l’une un Tron, l’autre un Lang sans appréhender la conséquence ultime : la vague extrémiste pour faire la peau à la Gueuse. Ainsi le cirque plein d’air malodorant masque les sujets rébarbatifs : la réalité budgétaire pour tout programme porté au pouvoir élyséen et l’influence allégée d’une nation dépendante des emprunts qu’elle peut encore contracter.

Sans le sou, restent les dessous peu reluisants d’une élite que les pannés voudraient piler. Peut-être devrions-nous éviter l’absorption monolithique de l’actualité, tels des monomanes en furie qui ne retiennent que le plus gros des titres, négligeant les pages intérieures tout autant visibles et lisibles pour qui s’en donne la peine. Un simplisme du regard par trop de complexité globale.

Reflet verdâtre sur l’écran en veille de mon ordinateur portable : plante intérieure au calme, au-dehors feuillage agité par les courants venteux. A cran ce monde aux flux et reflux d’informations, aux existences anonymes qui se voudraient exposées et qu’un surplus de lumière carbonise, aux trajectoires sous les feux de la rampe qu’un faux pas, un vrai crime, enterre en basse-fosse.

Un souffle, quelques effleurements, une tendre intention et le goût de l’autre revient : regard pour se catapulter loin des laideurs ambiantes, joliesse de chaque instant pour s’exalter en complicité, un rien de brune présence, un tout de circonstances à cultiver, lien précieux sans se hâter, sans se happer… une leçon de symbiose improvisée.