04 janvier 2013

La tirade du blé


Minabl' ? C’est un peu court, l’Ayrault !
On pouvait dire… oh ! Dieu !... bien d’autres mots plus beaux…
En variant le ton, - par exemple, tenez :
Agressif : « moi, monsieur, si j'avais un tel blé,
Il faudrait bien évidemment que je restasse ! »
Amical : « il doit déborder de vot’ besace :
Pour le transporter, prenez donc un plus grand sac ! »
Descriptif : « c'est un choc ! ... c'est pas chic... il s’échappe !
Que dis-je, il s’échapp' ? Il fuit pour sa fortune ! »
Curieux : « pourquoi cet exil avec tout' ses tunes ?
Sale histoir', monsieur, ou just' déprime à gogo ? »
Gracieux : « chérissez-vous ainsi tous vos euros,
Que très vénalement vous vous précipitâtes
Pour les protéger chez Poutin' via les Carpates ? »
Truculent : « Depardieu, quand vous vous biturez,
Le liquid' deviendrait-il un flot de billets
Remontant en gerb' tell' des liasses adorées ? »
Prévenant : « méfiez-vous du Fisc prêt à piller
Cent fois vos compt's garnis par vos mille et un rôle!"
Tendre : « menez la monnaie avant qu’on la frôle
Au-delà de l’Oural pour des bours' qui se pâment ! »
Pédant : « le vaurien seul, que Torreton pas fan
Désign' comme jepens'quàmoietvousprendsàlos
Put fair' croir' que la Franc' le voulait dans la fosse ! »
Cavalier : « le grisbi, tu le croqu' sans vergogne
Et mords sans retenue tous les jaloux qui grognent ! »
Emphatiqu' : « aucun coffr', tout fort qu’il se signale,
Ne peut supporter tous les ronds que tu étales ! »
Dramatique : «les montagnes russ' pour qu’il geigne !»
Admiratif : « pour un lutteur, que de bell' beignes ! »
Lyriqu' : « est-ce une mann', jouvence de pognon ? »
Naïf : « tous ces biffetons, quand les bouffe-t-on ? »
Respectueux : « daignez, monsieur, qu'on évalue
Vos biens, vos maux, afin d’enfin vous mettre à nu ! »
Campagnard : « hé, tudieu ! C'est-y un dieu ? Nanain !
C'est queuqu'Depardieu givré qui fait le vilain ! »
Militair' : « tous en rang Depardieu, eh pardi ! »
Pratique : « voulez-vous en fair' don au pays,
Toucher au grisbi et mettre la main au pot ? »
Enfin, détournant pour rir' l’empathiqu' Bardot :
« Le voilà, ce pays qui assassin' ses maîtres,
Siphonne leurs acquis et pollue leur retraite ! »
— Voilà ce qu'un digne Premier aurait sorti
S’il n’avait pas le charisme d’un pauvre pis :
Mais d'éloquenc', le Ayrault du « minable » sec,
N’en reçut qu’un quignon rassis et sans affect.
L’un suit Holland', l’autre embrasse Poutine à chaud.   
Le premier voudrait le second à l’échafaud
Médiatiqu', piteux héraut de la République ;
Le colosse au cœur d’argil' refus' la vindicte,
Et se fourvoie dans les bras du faux démocrate,
Face à face impitoyabl' pour pays qui craque,
A renvoyer dos à dos, pour passer nos nerfs,
Et affronter le vrai visag' de nos galères.

01 janvier 2013

Langue chargée ? Tirez !


Planer sur rails, le feu d’authentique Coldplay sublime l’aube en croissance. Les teintes timides au sortir du sombre engagent à concentrer la tension pour accentuer l’élégance hivernale. L’écho d’un rythme aux luminosités retrouvées concasse les fracas pour n’en laisser guère plus qu’un accessoire bruit de fond. Se projeter pour l’enthousiasme phosphorescent, telle une prometteuse infusion, avant les gerbes embrasées : un pourtour improvisé aux lueurs vagabondes. Se démultiplier pour une écoute transversale. Ne pas céder aux rétrécissements de l’âme qu’imposeraient quelques contraintes mal placées. La route est longue et le temps court : glaner en chemin pour épanouir l’improbable.

Les rayons dardent enfin, le fleuve croisé entretient ses courants, « such a perfect day » pour que le quatuor de la pop musicalise les cieux. Caresse de la gratte, juste ce qui enchante, avant la déferlante colorée. Virevoltantes sonorités, envolées enivrantes, les notes culminent et je me laisse flotter dans les nimbes si bien accordées. « Up in flammes », au-delà des pesanteurs, là où se fortifient les sens éclairés.

Je sais, j’ai trop chargé la page : style inaudible. Que les contempteurs égarés se fassent une raison : j’écris très peu pour les vivants. Hors quelques figures, le gros de l’humanité m’indiffère et je m’en dispense très bien. La ronde des esthètes disparus et la masse néante des foultitudes non nées me conviennent. Ne surtout pas répondre aux attentes, ne rien céder aux critères prémâchés, j’explore en intérieur sans frilosité langagière. Je formule donc je trie, raréfie mes fidèles ; les contradictions assumées amplifient les dégâts. Qu’il ne subsiste rien, je ne serai plus là pour le constater. Traces infimes sur une toile vorace sans distinction. Niche numérique pour que reposent en verve et contre tout mes vitriolades. Ci-gisent mes écrits suspects.