24 avril 2014

Royal : un dérèglement intérieur ?

En ces temps de crise rabâchée, le serrage de ceinture ne lui suffit pas. Si Antoine-Gaston de Roquelaure se distinguait par des bons mots, au point d’être fait chevalier de l’ordre du… Saint-Esprit, la Ministre-Maréchal s’attaque aux dérèglements de son ministère par des consignes dont elle rappelle, dans une formule pléonastique, la vocation : un « règlement intérieur (…) destiné à l’interne » ! Accessoirement, n’omettons pas de monter en haut nos affaires et de bien descendre en bas en fin de journée…

Parmi les réjouissances ségolènisées : finies les suggestions mammaires entre les murs de Roquelaure. Désormais, il faut du boutonné, du col roulé voire de l’écharpe cadenassée… L’époque des troubles pour cause de plongeon vestimentaire est révolue ! On se concentre sur les dossiers et pas sur les rebondis de sa voisine.

« Ségolène, la voilà ! » : la sonorisation de ses déplacements intra-muros dispensera ses collaborateurs de guetter sa venue pour se remettre au boulot tout en leur permettant de vérifier que le bouton du haut tient militairement… « Sa Sérénissime Royal traverse ton bureau, sous-fifre ! alors tu te lèves debout par respect pour notre sacré règlement intérieur à usage interne ! Tu as bien intériorisé ? » La majesté de la Ségolène, avec son phrasé aux gutturales banlieusardes, quoiqu’empourprées, méritait bien ce ramage d’huissier.

Ultime brimade pour son personnel infantilisé, la course à la « popote » : ne surtout pas prendre un appel en fin de matinée, lorsque les gargouillis fendent la bedaine, au risque d’être privé de cantine si Madame la Sérénissime Royal prend ses quartiers de fruit dans son Salon…

L’écologie rose en baille des vertes et des mûres…

06 avril 2014

Désunis dans l’adversité

Incapacité des peuples et des dirigeants à faire de l’Union européenne l’instrument d’une réelle puissance qui s’impose d’un seul tenant à l’extérieur. L’assemblage disparate dépense la majeure partie de son énergie à tenter de résoudre les tergiversations internes. Au modèle d’un volontariat constructif a succédé la persistance d’une stagnation entretenue. Ce sur-place exacerbe les défauts institutionnels et de plus en plus est dénoncé le technocratisme illégitime de la Commission.
Genèse de l'Union européenne.

En quoi les commissaires européens seraient moins légitimes à leur poste que les ministres nationaux ? Les premiers sont choisis et non élus, certes, mais tout comme les seconds, et l’adoubement par le Parlement européen – instance qu’on ne peut faire plus représentative de l’opinion des peuples de l’Union – vaut bien le vote de confiance à un gouvernement national.

Répartition des pouvoirs dans l'UE.
Dernièrement, paradoxale confirmation de la place considérée comme secondaire, voire accessoire, de certaines fonctions européennes : un ministre français en échec, critiqué de toutes parts, non retenu pour l’équipe de combat de Valls, va prétendre au poste de… commissaire européen ! Calamiteuse image de cette institution qui devrait, au contraire, réunir des personnalités en réussite et dont le mordant donne envie. Prendre cette instance exécutive comme le mouroir politique de responsables déchus ne peut qu’entretenir la défiance.
Commission européenne.

Inconséquence des ténors politiques qui se prétendent pro-européens (il est vrai qu’on en compte de moins en moins, surtout à l’approche des élections) mais ne veulent surtout pas faire don de leur temps et de leur talent à la cause européenne en détechnocratisant des instances victimes d’un manque de personnel attractif et reconnu médiatiquement.

Conseil européen
Résultat : le système se sclérose faute d’être animé par des personnalités d’envergure. Le contenant n’a jamais fait la saveur d’un plat. L’insipidité d’une Union dénoncée comme castratrice tient au désengagement des sociétés nationales censées la constituer : désaffection des mastodontes politiques – le Conseil européen délivre de moins en moins d’impulsions pour une construction exaltante et se ratatine aux conciliabules gérant les désaccords – indifférence médiatique et désintérêt des peuples.
Politiques de l'U.E.

Faudra-t-il une déflagration économique bien plus dévastatrice pour qu’un choix clair s’impose ? Cette U.E., à force d’être bouc émissarisée, non plus seulement par les anti-européens, mais aussi par une classe politique nationale à bout de souffle, devient un verni écaillé peinant à couvrir une désunion dans l’adversité, l’anti-devise malheureusement en cours. L’Union post 2005 a perdu cette âme fragile qui en faisait une espérance politique pour nous grandir.

Si la consultation de juin prochain dégage une majorité de députés eurosceptiques qui, par exemple, n’approuvent pas la Commission choisie par les chefs d’Etat et de gouvernement en déphasage avec l’idéologie dominante du nouveau Parlement (anti-) européen, nous pourrions assister à une implosion institutionnelle. Ajoutons à ce blocage la décision d’un des gros Etats fondateurs de quitter le navire en perdition et c’en serait fini du projet initié soixante-quatre ans plus tôt… Dans le chaos généré émergeraient des accords multilatéraux consacrant de fait la scission en deux modèles européens devant affronter des épreuves bien plus aiguës.
Construction à "petits pas".

La nouvelle équipe hexagonale donne la part belle aux défenseurs du Non au « traité établissant une constitution pour l’Europe ». Les deux premières têtes étaient, dans leur intime conviction, contre ce projet : l’un, Fabius, l’a assumée jusqu’au bout alors que l’autre, notre nouveau Premier ministre censé sortir l’action gouvernementale de l’ornière, a rallié la position officielle de son parti – par discipline ou opportunisme, on ne le saura jamais. Je n’oublie évidemment pas le tempétueux Montebourg désormais détenteur de l’économie nationale.
Chronologie de la construction européenne.


L’harmonisation des discours lors de la campagne des européennes devrait obliger certains à des contorsions intellectuelles douloureuses. En attendant, observons ce que ces « nonistes » au pouvoir sont capables de réaliser en restant en phase avec leur souhait d’une autre Europe et souhaitons que ce soit autre chose qu’un « vent mauvais »…