11 février 2006

Les borborygmes de Burgaud

Alors que nos consciences allaient s’émouvoir de l’effondrement apocalyptique du WTC, l’année 2001 voyait naître une affaire qui, quelques années plus tard, s’imposerait comme un onze septembre judiciaire, un « désastre » qui pousserait enfin à l’avant-scène accusatrice la si intouchable institution judiciaire.
Le point d’orgue de cette catharsis à vocation réformatrice, qu’est la Commission d’enquête parlementaire, s’incarne dans les quelque sept heures d’audition monocorde du repoussant Burgaud. Ce petit juge d’instruction, c’est d’abord un physique maladif pour l’occasion : pâleur extrême, voûté et bras croisés durant sa défense, une tête juvénile mais aigrie par la hargne rentrée. C’est ensuite une voix et d’insupportables bruits de salive : aucune texture aimable, mécanique déshumanisée, désincarnation du timbre ; des interruptions constantes pour avaler sa salive et reprendre en hésitant son piètre discours. Une présence nauséeuse donc…
A cette forme qui entête et révulse s’ajoute une inanité argumentative qui s’accroît au fil des interrogations des parlementaires. Parti pris d’entrée de ne pas se remettre en cause, ou tellement à la marge que cela s’auto-neutralise : après quelques minutes, en amorce, de pseudo compassion pour les acquittés, de longues heures de logorrhée verbale hésitante, brouillonne, ou la technique ne parvient même plus à dissimuler la médiocrité humaine du personnage.
Bien sûr qu’il n’est pas seul en cause, et qu’avant tout c’est le système judiciaire qu’il faut révolutionner, mais cette source multifactorielle ne dédouane en rien le triste magistrat.
A le voir, pitoyable, ne pouvoir défendre son instruction qu’entre bredouillements et silences démunis, se réfugiant derrière de frêles antiennes (les faits « graves et concordants ») ou son exposé préalable (« comme je l’ai indiqué tout à l’heure »), on frémit en imaginant le calvaire des acquittés. Les justes remarques du rapporteur de la Commission auront dévoilé le grand vide de ce pâlot morbide qui persiste à soutenir ses malfaisances professionnelles.
Mais le Burgaud n’est pas une brebis galeuse : il est le parangon d’une cohorte déshumanisée servie par un système vicié. Pour exemple que l’ENM forme des techniciens du droit sans se soucier de leur bon sens éthique et de la présence de qualités humaines basiques : j’ai connu un actuel substitut de procureur (en marche normale vers le poste supérieur) qui, avant son serment, avait tenté de violer sa sœur, battait ses petites amies, trompait son monde, défendait le pire, arrogant et fielleux, et qui goûte aujourd’hui à l’enivrant pouvoir sur la liberté des gens…
Burgaud n’est pas seul, tremblez citoyens !

3 commentaires:

Anonyme a dit…

on crit beaucoup au loup, mais on doit aussi se rappeler que la justice est humaine et donc imparfaite...
Si l'audition du juge Burgaud a pu apparaître pathétique, il ne faut pas oublier non plus, la balance penchant dans l'autre sens il y a quleques mois lorsqu'un juge de la détention et des libertés avait libérer un homme, et que dès sa sortie ce dernier avait recommencer à violer!!
les maux de la justice sont aussi les maux des hommes.

Loïc Decrauze a dit…

C'est juste... les turpitudes des uns ne doivent pas cacher celles des autres... mais quel que soit le sens de la faute, ce qui doit changer c'est le sentiment d'impunité longtemps attaché à la personne du magistrat... mêmes les politiques risquent leur liberté en cas de faute grave dans l'exercice de leur responsabilité... alors pourquoi pas le corps judiciaire ?

Anonyme a dit…

Bravo,
Beau pamphlet.
C'est sûr que si Le Juge burgaud avait le physique de Robert Redford, était bronzé, et avait le bagout d'un Enarque, ca aurait été plus photogénique ; Sa faute aurait été moins grande, ou plus ? Quand vous êtes devant une commission parlementaire, et que tout ce que vous êtes est jugé devant la France entière qui vous hait, je suppose qu'on ne doit pas se sentir à l'aise et que l'on doit perdre ses moyens : vous vous ecroulez, et votre vie s'écroule aussi : difficile de faire le fanfaron. Burgaud aurait pu effectivement prendre tout sur lui et crier son indignité : hélas, il n'est que humain, et il a essayé de sauver sa peau. Auriez vous, vous, marqué sur votre cou les pointillés pour marquer là où il faut trancher ?