18 février 2006

Relents judiciaires

Il fallait s’en douter, le gratin judiciaire monte sur ses ergots jugeant que l’ouaille Burgaud a été mal traitée par nos parlementaires. Le magistrat instructeur a justifié une bonne part de ses inconséquences professionnelles par sa scabreuse et intime conviction « d’indices graves et concordants », selon la formule consacrée devenue légitimation automatique de monomanies opportunistes ; le Conseil supérieur de la magistrature met lui en devanture la sacro-sainte séparation des pouvoirs, quitte à crotter l’esprit de Montesquieu.
Vieille dérive pavlovienne des détenteurs de notre liberté : lorsqu’un membre de leur corps s’illustre par l’exercice aberré de ses responsabilité, on le mute avec une ‘tite promotion d’usage. Pour noyer le poisson : le prendre à revers de toute logique élémentaire. Pour les pires, le CSM daigne s’occuper de leur cas, mais en veillant à ce qu’aucun autre corps constitué n’empiète sur ses pouvoirs. Voilà un cloisonnement qui sert la maison Justice puisqu’elle juge elle-même ses brebis dévoyées comme ses pourritures manifestes.
L’administration, jusqu’à la fin du XIXe siècle, a également bénéficié du délire révolutionnaire en jugeant elle-même les différends avec les administrés. Cela a fini par choquer, et nous avons établi une indépendance de jugement avec les juridictions administratives. Le temps de la séparation de ceux qui sanctionnent des magistrats fautifs n’est-il pas arrivé ?
Que reproche-t-on à Philippe Houillon, le rapporteur de la Commission parlementaire ? D’avoir poussé dans ses contradictions l’imprécis et balbutiant Burgaud ? Il fallait donc gober toutes ses incohérences, digérer en les magnifiant ses manifestes inaptitudes, ne jamais mettre en exergue les erreurs criminelles (cela a conduit à de la prison préventive injustifiée et a indirectement provoqué deux décès) de sa démarche… En somme, dénaturer une mission d’enquête en saponifiante complaisance pour ne surtout pas brusquer l’infecte ouaille.
Que tous ces magistrats cogitent un moment au scandale absolu, insoutenable, qu’aurait représenté la mollesse parlementaire envers Burgaud, Lesigne and Cie après l’audition des acquittés. Qu’aurait souhaité le CSM ? Une collusion puante du politique et du judiciaire pour minimiser au maximum les dérives ? Comment faire autrement que pointer sans concession les fameux « indices graves et concordants » qui démontrent la pratique inquisitoriale et uniquement à charge d’un Burgaud persuadé, à vingt-neuf ans, d’avoir l’affaire de sa carrière ?! Ce désastre tient d’abord - à bas les œillères ! – à une sordide ambition d’un petit juge tout frais sorti de l’école, prêt à détourner à son profit les règles de l’instruction : c’est cela et avant tout cela ! Le « mythe de la pédophilie » clamé par le procureur (quel révisionnisme indigne d’une réalité sociale pour dédouaner collectivement le système judiciaire !) s’effondre immédiatement lorsqu’on jauge la démarche de Burgaud, mais ça, l’institution à la balance vacillante ne veut pas l’entendre, comme elle refuse de purger ses conduites malodorantes. Gare au gorille...

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