06 octobre 2007

Las des Haines fantasmées !

L’hystérique campagne orchestrée, suite à la proposition d’un recours possible à des tests ADN dans la gestion de l’immigration, laisse songeur. A parcourir les innombrables réactions épidermiques, arque boutées sur la sacro sainte éthique française qui se revendique universelle, on découvre un concentré de mauvaise foi et d’extrapolations malhonnêtes.


Le projet lui-même : laisser la possibilité à l’immigré demandeur d’un regroupement familial le soin de recourir à la preuve génétique de sa filiation afin de pallier l’incurie administrative de son pays d’origine ou de permettre à l’Etat français de s’assurer de l’absence d’une fraude documentaire. Cette mesure serait laissée au volontariat, à la demande du bénéficiaire, à l’initiative du candidat… comment l’exprimer autrement ? Pourtant, même une tête bien faite comme celle d’Edouard Balladur transforme un outil supplémentaire simplement proposé aux immigrants en une arme discriminatrice entre les mains de l’administration française, laquelle est, bien sûr, au bord de la nazification purificatrice ! « L’idée de tests ADN obligatoires » commence Balladur : faux ! Jamais l’obligation n’a été inscrite dans l’amendement controversé.

La police politique en RDA
Pour les détracteurs qui admettent la liberté laissée aux demandeurs, une extrapolation sans appel cloue au pilori le projet : imaginer que l’administration propose ces tests (laquelle ne le ferait d’ailleurs que pour un immigré incapable de prouver par l’encre authentique sa filiation) et qu’elle essuie un refus, la suspicion l’inclinerait à refuser d’emblée le regroupement, peut-être même si, finalement, l’immigrant pouvait apporter la confirmation formelle de son lien. A ce titre, supposant la dérive haineuse de la machinerie publique, il conviendrait d’élargir l’interdiction d’usage à la preuve par la paperasse. En effet, songeons un instant à la criminelle utilisation du support papier qu’a faite la
Stasi de la RDA, avec ses millions de dossiers rédigés sur ses citoyens. Horreur et damnation : prohibons donc toute inclination paperassière étant donné les risques de fichage systématique de la population immigrée. La dérive de l’administration française nous guette…

Pas plus délirant que les extrapolations clamées par les prétendus parangons de la vertu républicaine. L’ADN, terreur en trois lettres lorsqu’on les rapproche du principe de filiation.

L’ambiance hexagonale serait donc à la multiplication des « rafles », au fichage des citoyens, à la propagande dangereuse, à la haine de l’étranger… L’apocalypse nationale menace, bonne gens, restez chez vous les volets clos…

Par postulat, on doit refuser de réfléchir sur l’utilité positive, dans l’accélération du traitement d’une demande, que pourrait favoriser la preuve biologique.

Amalgames par gesticulations, simplisme stigmatisant, opportunisme faussement humaniste : les doctes de la morale se sont engouffrés dans l’horreur fantasmagorique, pour cet amendement, de la sélection génétique. Et pas question d’aller regarder d’un peu plus près ce qui se pratique en Belgique, par exemple : depuis 2003, 2700 personnes ont pu, grâce à ce système, bénéficier du regroupement familial, contre 400 refus. Non, surtout pas ! Tout comme l’Angleterre, la Norvège et huit autre nations européennes : contrées vouées à l’eugénisme rampant, sans doute… et avec la bénédiction de la législation de l’Union.

Exemple même du matraquage idéologique qui s’enferme dans ses monomanies dénonciatrices sans, un instant, admettre qu’un outil scientifique puisse servir certains dossiers bloqués.

Conséquences de cet anathème, si l’amendement (remanié ou pas) n’est finalement pas adopté : tous ceux qui pourront arguer de papiers (là où se nicheraient l’affection, le vécu et la philosophie de la filiation) verront leur demande traitée ; tous les autres, victimes de pays incapables de fournir les sésames encrés, la France les laissera croupir dans l’incertitude, leur refusant l’ultime recours génétique, drapée dans l’implacable conviction de ceux qui claironneront qu’elle vient d’éviter à ces pauvres gens l’infamie d’une démarche scientifique qui certifierait leur filiation… biologique. Quelle horreur !

Post-scriptum : Juste après avoir publié ici ce coup de sang à rebours, je file acheter Le Monde Week End (mes lectures ne sont pas sectaires !). En première page, comme une nécessaire dramatisation, l'éditorial bis (le traditionnel est en page 2) du fraîchement nommé directeur Eric Fottorino: "Haine des autres, haine de soi". Comme une emphatique illustration de cette délirante campagne : "visage le plus inquiétant de la France", "acter que notre pays a fait litière de son histoire et de sa géographie au détriment des étrangers", "nier la différence des autres", "nier l'existence de cultures singulières", "tentative dommageable de tri dans les familles", "Il y a de la haine dans cette course à l'ADN", "préserver notre législation de repoussantes dérives". Si ce n'est pas de l'hystérie journalistique ça...

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