19 janvier 2007

Haro sur les automobilistes !

L’avancée technologique majeure du siècle dernier révèle la psychologie primaire (juste le temps du volant, heureusement) de nombre de ses utilisateurs. Pour me faire des amis...


Enfin, depuis quelques années, un acharnement médiatique appréciable. L’insécurité routière avec son chargement de délinquance larvée de tous ces bons français conducteurs qui, bien sûr, en savent plus que les autres et maîtrisent comme personne leur sacro-sainte taule ondulée motorisée.
On rétorquera, là encore, le prisme déformateur des médias qui se focalisent sur quelques écarts marginaux comparés au nombre astronomique de déplacements sans dérive meurtrière. Piéton militant pour 95 % de mes trajets aujourd’hui, je fulmine chaque jour contre ces petits excès prétendument calculés... jusqu’au jour où : perte de maîtrise du véhicule qui vaudrait toutes les absolutions, tous les pardons des assassinats commis.


La préméditation criminelle tient ici dans une prise de risque volontaire
en dehors de la loi. S’impose donc l’intention de mettre potentiellement en danger de mort ceux qui croisent leur route. Quand la technologie et le progrès favorisent le plus primaire des instincts : moi avant les autres et au sacrifice de ces gêneurs, les piétons, les trop lents, les simples existants sur mon passage.


Pire même que les bêtes, que les charognards les plus infâmes, car l’objectif n’est nullement la survie organique, mais le simple contentement d’arriver plus vite. Comme si le boulot, la distraction, l’occupation inepte valaient plus que le respect de la vie de l’autre !
Pourquoi leur caricature comportementale mériterait-elle de subtiles analyses et une législation modérée ? Non, il faut se départir de la molle compréhension criminellement complice, se libérer du si complaisant impondérable que l’on décèle dans tout accident, foutre en l’air les incongruités législatives qui ouvrent des boulevards à la récidive dans l’impunité.


On nous a matraqué le cortex avec le divin Principe de précaution. Il y a quelques années, on abattait plusieurs milliers de chèvres après avoir déniché deux ou trois cas de tremblante qu’on pouvait suspecter de lien avec un dérivé de l’ESB. La subtilité fonctionnait ici à plein pour ériger le moindre soupçon en motif de neutralisation définitive.


Avec la horde d’automobilistes dangereux, inciviques à tours de volant agressif, rien de cette volonté de les écarter. Un principe de précaution social s’imposerait pourtant : on va laisser conduire celui qui a tué ou blessé grièvement, manifestement (selon des témoins) sous alcool mais que les ballons (baudruche technique) n’ont pas scientifiquement confirmé, et ce tant qu’il n’a pas été jugé par un tribunal engorgé d’affaires.


Les autorités politico-administratives prennent donc le risque que s’ajoutent d’autres victimes éclatées ou écrasée par le conducteur tueur ! Ahurissant ! Il faudrait systématiquement interdire la reprise du volant à celui qui a occasionné un accident corporel, et ce préventivement avant tout jugement. De l’autoritarisme ? Face au terrorisme routier, c’est la sécurité vitale qui prime, avant tout autre considération pseudo humaniste, républicaine ou démocratique.


Aucune éthique de comportement ne modérant nombre de conducteurs, l’accès quasi automatique à ce statut de tueur potentiel quotidien, la tendance civilisationnelle à laisser l’usage au maximum de gens d’engins dangereux, pour le bien-être économique et la satisfaction égocentrique, tout cela mérite un coup d’arrêt : il faut maintenant sévir sans pitié, éradiquer les petits travers journaliers qui minent la conduite sociale, écarter de l’asphalte tous ceux qui se jouent de la règle, qui se torchent avec le contrat social.


Griller un petit feu, pas grave, téléphoner en pleine action roulante, je le peux, fumer du cannabis avant le voyage sur route, quelle conséquence... Chacun légitime ses écarts si anodins et participe au fléau qui atteint l’existence de plus de cent mille personnes par an (106994 morts et blessés comptabilisés en 2006).

6 commentaires:

Anonyme a dit…

Cet article, malgré vos qualités évidentes pour l'écriture, est consternant. Monsieur, le respect en société fonctionne à double-sens. Faire l'amalgame entre une poignée de chauffards et 45 millions d'automobilistes relève selon moi de la diffamation. Vous ne pouvez pas vous permettre de rabaisser le conducteur lambda au rang d'assassin en puissance, vivant dans l'attente d'un piéton à faucher. C'est une aberration. Croire que seuls les automobilistes ont des devoirs sur la route est une fantaisie très répandue chez les non-conducteurs. La route est un espace que l'on partage entre usagers (motorisés ou non), tous ont des droits et devoirs. Pour bien connaître le problème, sachez que le nombre d'accidents dont les piétons sont responsables est également très important. Le comportement de certains piétons, comme certains automobilistes, relève de l'inconscience et de l'irresponsabilité. Très franchement, votre article est une appréciation personnelle biaisée, vous ne voyez -ou ne voulez voir- que les comportements répréhensibles, vous ne vivez l'automobiliste qu'au travers de faits divers dramatiques, vous attribuez aux automobilistes des attitudes nombrilistes et prioritaires alors qu'elles sont exactement les mêmes chez les autres usagers : piétons et cyclistes. Vous n'êtes pas un piéton militant, vous êtes un anti-automobile pur et simple.

Mathieu

Loïc Decrauze a dit…

Cher Monsieur,

J'ai pris bonne note de vos remarques : elles auraient été de bon aloi pour un essai, une analyse à texture universitaire, un article de fond. En l'espèce mon texte se veut pamphlétaire. Renseignez-vous sur ce genre littéraire et vous comprendrez l'inadéquation de vos remarques.

Ce que je peux ajouter, et cette fois-ci sans esprit polémique, après plus de trente ans d'observation du comportement des individus au volant : cela modifie indéniablement la personnalité, et pas dans le bon sens.

Anonyme a dit…

J'entends bien votre contestation et sur la forme je n'ai rien à y redire. C'est sur le fond que j'ai souhaité réagir. Pourquoi se permettre les amalgames les plus abjects ? Et sans polémiquer davantage, je ne suis pas d'accord avec votre remarque : selon moi un imbécile à pied restera un imbécile en voiture. Il en sera de même pour un individu respectueux et intègre, et je trouve ça assez logique.

Bonne continuation. Pour avoir lu quelques uns de vos articles, vous avez indéniablement de grandes qualités dans l'exercice de l'écriture.

Mathieu

Loïc Decrauze a dit…

Merci pour votre appréciation stylistique. Juste pour conclure, relisez l'introduction de mon texte enflammé : je vise "nombre de ses utilisateurs" et non la totalité. Finalement, chacun se sent visé ou pas, selon sa propre "conduite".
Ce n'est pas faire de l'amalgame abject que de s'indigner de comportements observables tous les jours.

Anonyme a dit…

Nombre de ses utilisateurs laisse sous-entendre qu'il s'agit d'une majorité, ce qui vous en conviendrez n'est pas le cas. Nos routes sont très sûres. 4000 morts par an, c'est bien sûr 4000 morts de trop, je vous le concède, mais c'est très peu au regard du nombre de kilomètres parcourus par les 45 millions d'automobilistes. Ceci ne légitime pas les comportements à risque bien évidemment.

Vous souhaitant bonne continuation.

Mathieu

Erik a dit…

4 vérités sur les radars

Vérité n°1: la baisse de la mortalité routière est bien antérieure à la mise en place des radars;

Vérité n°2: A ce jour, aucune étude scientifique française n’établit un lien direct entre vitesse et mortalité routière;

Vérité n°3: 2 radars sur 3 ne sont pas placés à des endroits dangereux;

Vérité n°4: l’Etat a empoché plus d’un demi-milliard d’euros [en 2010] grâce aux radars.

Du livre "Radars : le grand mensonge" (Fichage, flicage, racket, caisse noire) de J-L Nobleaux :

"Les chiffres : en 1993, un an après la mise en service du permis à points, on décompte quelques 600 suspensions de permis. En 2006, deux ans après la mise en place de radars automatiques, c'est 110 fois plus : près de 8 millions de points sautent faisant disparaître 70 000 permis ! … La France est devenue en quelques années championne d'Europe des permis suspendus

… Même Georges Sarre, l'ancien ministre des transports et père du permis à points, «ne souscrit pas aux nouveaux emplacements choisis». Presque tous les radars les plus rentables (grâce au trafic) se trouvent sur les autoroutes, voies les plus sûres. Moins de 17% des radars produisent près de 40% des contraventions! … C'est la plus forte vague de répression routière jamais orchestrée en Europe." (p 92-93)

"Problème : la majorité des punis ne sont pas des dangereux chauffards, mais des conducteurs lambda perdant leurs points sur une étourderie sans gravité, ce qui provoque une légitime exaspération" (page 93). "Les pertes de points obligent le contrevenant à mettre la main au porte-monnaie à tous les étages. Premier bénéficiaire de ce business parallèle, l'Etat, assez malin pour faire largement profiter les acteurs du système : sociétés d'assurances, Automobile clubs de France, groupements d'auto-écoles et animateurs, Prévention routière… La répression policière envers la populace motorisé a de beaux jours devant elle, tant elle rapporte tous azimuts" (page 97).
…"recadrons d'entrée : la police n'a pas de pouvoir, c'est le pouvoir qui a la police" ( p 98 ).
… Problème : "les forces de police sont de moins en moins au service du citoyen. Un euphémisme que les usagers de la route constatent tous les jours. A l'échelon national, les contrôles policiers sont incessants" (page 99). "En France il vaut mieux griller une bagnole qu'un feu rouge semble-t-il" (p 100).

"Sous prétexte de calmer 5% de délinquants [de la route], on matraque 100% de conducteurs, une ambiance délétère symbole d'une traque fiscale pavlovienne érigée en routine de gouvernement" (p. 148).

J-L Nobleaux sur "la culpabilisation systématique des automobilistes, la…répression jackpot", et les statistiques manipulées sinon truquées:

"Selon les chiffres…la vitesse excessive individuelle est…le DERNIER facteur d'accident sur autoroute. Une enquête…sur 5400 accidents révèle que seulement 5% [!!] d'entre seraient dus à une vitesse excessive…

Les premières causes d'accidents? La distraction du conducteur dans 41% des cas [cf. la vitesse… soporifique!!], les erreurs…dans 32,6%" (p. 133)

La Ligue de Défense des Conducteurs dénonce "l'Etat [qui] a désormais décidé de sanctionner la somnolence au volant" (!!)

http://www.liguedesconducteurs.org/index.php?/20101011719/je-minforme/le-gouvernement-veut-sanctionner-la-somnolence-au-volant.html

"Les autorités et leur frénésie répressive ont mis en place les conditions pour une conduite soporifique, et maintenant ils veulent nous sanctionner sur les effets de leur politique au lieu de s'interroger sur les causes !"