16 mai 2009

Un cadeau pis qu’Hadopi

La contre proposition socialiste à la loi Hadopi stupéfie.

Mélomane, j’ai toujours payé la musique que je souhaitais m’approprier dans la liberté d’écoute - pour illustrer ce texte, les photos de ma Cdthèque. La part croissante des téléchargeurs hors la loi incite à réagir, si possible en contrant ces dérobeurs insouciants ou éhontés. Eh bien non ! La gauche française opte pour entériner la pratique illégale et la faire payer par la collectivité des internautes, y compris ceux qui, comme moi, ont eu le souci de respecter le droit des auteurs qui espèrent une rémunération contre la mise à disposition de leurs créations.

Quelques ténors de l’opposition vont jusqu’à stigmatiser une « double peine » qu’engendrerait la loi contre le pillage culturel : suspension de la connexion Internet tout en continuant à devoir payer l’abonnement. Ces esprits forts, généreux et compréhensifs avec les voleurs sur toile, sanctionnent de fait ceux qui s’attachent à respecter le droit commun. Avec leur contribution créative je paierais deux fois : une fois pour continuer à me procurer des morceaux qui me plaisent via des sites sûrs, sans me vautrer dans cette jungle du libre service systématisé, et une fois avec la part de mon abonnement à Internet affecté à compenser les pratiques interlopes. Un comble !

Cette évolution s’imposerait, selon l’approche complaisante, afin que le droit d’auteur s’adapte à « l’ère numérique » ! L’alibi de la modernité pour ringardiser la légalité existante, alors qu’il ne s’agit que de se coucher devant une tendance humaine répandue : satisfaire ses envies immédiates, y compris en se torchant avec le contrat social si le risque de se faire choper est quasi nul.

Les mêmes qui réclament la « moralisation » du système capitaliste et la sévérité exemplaire à l’égard des riches profiteurs, trouvent défendables l’abus de la propriété d’autrui, simplement parce qu’à l’unité le préjudice s’avère négligeable et que l’anonymat que favoriserait l’Internet affranchit de toute éthique. Exactement le processus de déresponsabilisation de chacun lorsque le méfait se collectivise, voire se popularise. Que la faute relève de la dérisoire contravention ou du crime le plus abject, le fait de savoir qu’on la partage avec d’autres réduit ses remords, quand cela n’incite pas à la perpétuer.

La responsabilité du législateur c’est justement d’atténuer la part crasse de chacun par l’application de règles communes. Va-t-on assouplir le code de la route parce qu’une majorité d’automobilistes s’accordent, plus ou moins fréquemment, de déroger à telle ou telle obligation ? Avec la proposition socialiste, les fameuses autoroutes de l’information dérouleront le tapis rouge avec numérique bénédiction aux chauffards de la toile. Bravo le nouvel humanisme : mieux qu’un cadeau aux pilleurs, une consécration du panurgisme magouilleur.

3 commentaires:

Unknown a dit…

Au contraire, je pense que la proposition socialiste, (la taxe de contribution créative) est le seul moyen permettant de concilier d'un coté réparation d'un préjudice (ce qu'en économie, on appelle une externalité négative) et financement de la culture et de l'autre coté d'assurer les droits fondamentaux (présomption d'innocence et peine donnée par la justice et non par une administration) contrairement au projet de loi Hadopi. D'autre part il existe déjà dans le code pénal le délit de contrefaçon. Enfin l'argument de dire que tous les internautes vont payer est vrai mais d'une part, la taxe pourrait être proportionnel au débit de connexion car on suppose que plus le débit de connexion est élevé plus la probalité de l'internaute à télécharger illégalement est grande (surtout pour les films). Vous n'avez pas besoin d'un débit important pour consulter vos mails et tenir un blog par exemple. D'autre part, la taxe pour copie privé existe déjà, et tout le monde la paie. Quand vous achetez un CD, DVD vierge, ou disque dur, que vous mettiez vos photos de vacances ou bien vos films et votre musique, vous payez dans tous les cas la taxe pour copie privé.

jp d a dit…

pour info les ayants droits sont déjà payés pour une prestation inexistante, car vous oubliez ( volontairement ou non ) qu'il existe une taxe sur les supports magnétiques vierges, taxe au profit des "artistes".
Le montant de cette taxe est d'ailleurs décidé par les gestionnaires de droits et elle est loin d'être ridicule, vous voulez donc une double rémunération pour ces individus, dont une pour une prestation inexistante, autrement dit le beurre et l'argent du beurre, pourquoi pas la tartine et la crémière.
si le téléchargement se doit d'être payant il faut supprimer cette taxe sur support vierge, le problème: qu'est ce qui rapporte le plus

Thomas a dit…

Je n’achète plus de CD pour la simple et bonne raison que je n'ai pas de lecteur CD, il a fait place dans mon PC portable à un second disque dur.
Et surtout, qu'on aille pas me dire qu'il est possible d'avoir pour un prix décent (j'entend le prix d'un CD moins le coût du CD, le coup de la mise en rayon, du transport, etc...) un album dématérialisé, d'une qualité audio correcte et sans DRM.