21 mai 2011

Prouesse complotiste : dénie, décrie, renie !

Voilà une semaine que DSK a été interpellé, et des tonnes de commentaires se sont déchainées contre la version la plus plausible. Irrépressible réflexe du scepticisme, même lorsque sa propre thèse surpasse en invraisemblances celle rapportée par la grosse caisse judiciaire américaine.

Pourquoi la parole d’une femme de chambre sans histoire (en attendant que le rouleau compresseur de la défense en déniche ou en confectionne quelques-unes) vaudrait-elle moins que celle d’un ponte politique ? L’incohérence des complotistes tutoie l’indigence intellectuelle : les mêmes qui dénoncent les pires travers des dirigeants du globe sont les premiers à discréditer les affirmations d’une modeste employée, soutenant ainsi de fait les dénégations de celui qui était considéré comme l’un des hommes les plus influents de la planète.

N’est-ce pas de l’indignation à géométrie variable, au gré de ce qu’on veut stigmatiser comme Grand Ordonnateur de cette sordide affaire ? Cela débouche sur la négation de ce qu’a vécu cette femme qui a tout autant droit au statut de supposée victime que DSK à celui de présumé innocent. Imaginons simplement ce que serait une Justice qui limiterait son intime conviction à ce type de démarche : ça ne peut être qu’une machination contre l’accusé puisque sa fonction l’exposait à cela. On en frémit d’horreur.

A quel titre un individu, quelles que soient son importance, sa notoriété et ses responsabilités peut-il être hors de portée d’une dérive criminelle ? L’affirmer reviendrait à accréditer l’approche différenciée de l’humanité : ceux qui ne peuvent s’abaisser à abuser d’une obscure domestique et le reste de la masse. Une partie de cette même masse défend aujourd’hui le puissant avec quelques arguments-tonneaux qui tournent de plus en plus vite mais ne font rien avancer.

Que peut donc avoir à faire une anonyme de New York du destin présidentiel de tel ou tel Français, de la déstabilisation d’une personnalité par telle officine, du piège tendu par l’infâme ennemi de l’absous DSK ? Chacun y va de son petit délire mental, entretenant ainsi sa certitude que le monde transmis par les médias est un vaste mensonge. L’apparence est forcément trompeuse et le fantasme s’impose comme la vérité originelle… Ainsi, on peut tout remettre en cause…

Cette affaire révèle une opinion publique française majoritairement désabusée, prête à embrasser le plus fantasque des conteurs si la narration nourrit ses défiances. Les faits n’ont aucun poids puisqu’ils transitent par la parole d’un être sans visage, sans épaisseur humaine, une victime dématérialisée en somme, érigée uniquement pour faire choir le potentiel chef d’Etat.

Pompon de la campagne complotiste, le Bellâtre Hachement Libre s’approprie, avec une variante, la formule mitterrandienne du « livrer aux chiens » pour défendre son ami exhibé comme Dangereux Satyre Knouté. Une affaire d’initiales, sans doute… Il n’y a pourtant pas mort d’homme, comme l’a obscènement rappelé Jack Lang, mais peut-être bien agression sexuelle d’une femme, et ce n’est pas elle que défendent aujourd’hui ces parangons de la vertu. « Je ne sais pas… » rabâche BHL pour lancer son billet, mais il suppute beaucoup, infiniment trop. A l’infect mépris qu’il affiche à l’égard des déclarations de l’accusatrice s’ajoute son silence suspect sur les flots complotistes qu’il avait tant fustigés pour les attentats du Onze Septembre. Comme un révélateur de sa chapelle : la philosophie de vie opportuniste. L’amitié n’excuse pas tout. Quelle virulence déploiera-t-il lorsque la défense traînera dans la boue la plaignante ?

A son crédit, BHL, lui, assume ses écrits, au contraire de la flopée malfaisante d’internautes qui s’abritent derrière l’anonymat pour l’hallali sexiste. De pseudos êtres aux vraies traces de purin. On pourra toujours attendre leur contrition si le jugement condamne l’accusé. Au contraire, ils en rajouteront une crasse couche sur une justice américaine à la solde de ceux qui ont fomenté cet attentat sexuel contre le virginal Strauss-Kahn.

3 commentaires:

Helene a dit…

Tout à fait d'accord ! quand le pouvoir pousse à confondre agresseur et agressé .... : )))

Anonyme a dit…

Lu le 20 juillet, cet article a un goût particulier...

Anonyme a dit…

Ici la faute avouée n'est pas le crime, et le complot n'en est pas à son déni. Quand au "complotisme", c'est bien une invention de naïf ataxophobe. Avant de trancher, attendons la suite.