31 décembre 2010

Blanc-seing de Saint-Sylvestre

Nuit dernière, petite poussée d’angoisse en focalisant sur l’implacable finitude existentielle. Chacun affairé à l’intendance de sa vie, les entrevues se raréfient et l’on se leurre sur la réelle teneur des liens. Reste-t-il amitié, affection lorsque plus une réunion, plus un appel ne ravive le rapport ? Les années défilent et ramènent l’être sur lui, comme un repliement nécessaire ou imposé.


Voile du temps, errance inextricable, je néglige de substantifiques nectars, alimenté par le pourtour des os en vrac. La Camarde veille, camarade pernicieuse de nos instabilités nocturnes. Dérailler régulièrement pour garder saine sa rectitude et qu’elle ne se colore point du renoncement.


Trions nos échecs et ne conservons à portée que les recyclables, malléables en vue d’un décorum assimilable. La fresque de l’irréalisé se travestit en esquisse d’un passé idéalisé. Au souffle des sens j’égrène les laps de plaisir sans toujours accepter l’inhérence du prisme choisi.

Encore une indigeste tambouille sémantique ? Oui, et j’emmerde bien nettement les ennuyeuses linéarités narratives. Je n’écris pas pour raconter mais pour fendre l’expression sous toutes ses coutures. Ne jamais s’interdire la fulgurance de rapprochements au pays des vocables enchanteurs. A la morne plaine les frileux du bulbe qu’une saignée littéraire effarouche… Mièvre fièvre de celui qui campe dans le vocabulaire consensuel, bien de chez mou, plat convenu pour lecture élémentaire. Ne surtout pas s’y résoudre…
L’obsession d’être accessible, compréhensible hypothèque la palette scripturale un peu à la façon d’un cyber-shot qu’on priverait de quelques millions de pixels. Ne se soucier que de la densité de ses ressentis et ne pas s’encombrer des contraintes pour atteindre la multitude. Le Net a cette vertu de pouvoir laisser sa trace sans se soumettre aux fourches financières. Aux enfers du commerce les pseudos éditeurs à compte d’auteur, ces captateurs de fonds pour pondre quelques tas de papiers encollés.

(J’apprends ce matin, par courriel, qu’un de mes stagiaires en préparation du concours de SPP est décédé le 24 décembre dans un accident de voiture. Pensée pour sa famille endeuillée. Lundi matin, je commence avec le groupe amputé d’un de ses sympathiques membres.)

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