15 février 2007

Un Vote, sinon Fin !

Sans doute, à 37 ans, voterais-je pour la première fois, en avril prochain, évoluant ainsi dans mon rapport au système démocratique. Toujours aussi circonspect dans mon approche d’un mode électif qui considère d’égale manière celui qui arrête son choix (quel qu’il soit) par une démarche réflexive et celui qui va tirer au sort le bulletin à glisser dans l’enveloppe, celui qui va mettre en perspective, comparer les programmes dans une connaissance minimale des institutions et le je m’en foutiste ignare tout juste bon à brailler ses desideratas, je me résous à jouer le jeu. Toujours aussi critique de règles qui n’accordent aucune place efficiente au vote blanc, je m’efforcerai de me rendre dans l’isoloir, même si mon choix n’entre pas dans les pourcentages retenus comme poids politiques.

A force de m’imprégner des atrocités commises dans d’autres pays, des dérives autocratiques de régimes à façades démocratiques, des luttes sanguinaires entre d’un côté le détenteur du pouvoir et ses sbires, de l’autre les opposants gourmands de cette place, je relativise les défauts de notre régime et de ses actants, au point de me sentir comme un devoir de me rendre aux urnes.

Les coups bas des adversaires de cette campagne fleurent bon la lutte entre gens civilisés au regard des voies adoptées dans d’autres contrées. A force de focaliser son esprit contempteur dans les seules limites de l’hexagone politique, on omet de s’informer des pratiques alentour. Même nos partis extrêmes (de gauche et de droite) ont épousé les règles pacifiques du débat démocratique.

Cela mérite un petit hommage à la Cinquième République (que certains voudraient dénaturer), à quelques mois de son cinquantenaire : elle a contribué à la pacification (au sens physique) des échanges politiques et à une certaine stabilité des pouvoirs en place, sans empêcher l’alternance.
Ne dérivons pas non plus vers la naïveté en gros sabots du tout-va-bien-madame-la-marquise : la fibre de certains de nos compatriotes n’a pas plus de vertus consubstantielles que celles des barbares qui officient au Proche-Orient, en Afrique ou en Asie. Intensifions un chouia le nombre de laissés pour compte, attisons les antagonismes sous-jacents des communautés et le barbare réinvestira sans peine nos cieux.

La quête obsédante du pouvoir, pour certains, incline à défendre ce perfectible système démocratique. Ne pas laisser les gouvernants légalisés par les urnes se supposer légitimes pour une occupation pérenne, signe de tous les maux autocratiques. Les idéologies, même les plus généreuses dans les objectifs, ne résistent pas à la captation des manettes de direction.

Quoiqu’on puisse être sévère avec ces agitations alambiquées des contre-pouvoirs, des gueulantes syndicales dans l’aventure écourtée du CPE aux levées de boucliers de l’institution judiciaire après les rudoiements verbaux du juge Burgaud par le législatif, en passant par la confrontation des prétendants à l’Elysée : tout cela révèle, finalement, la limitation dans l’exercice du pouvoir. Le sens moral de l’être humain ne compense pas, en général, son irrépressible, et parfois dévastateur, penchant à satisfaire ses envies, ses intérêts, ses ambitions. La démocratie, malgré son infecte tare, le clientélisme opportuniste, parvient à modérer ce qui, chez le politique, pourrait l’incliner à bien pire que la démagogie.

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