24 octobre 2009

Un Net (de) Travers

Une vague d’affaires s’étant peu ou prou échouée, et avant la prochaine tout aussi buzzée sur la toile numérique, on peut un moment jauger le fond pas très net d’internautes aux anonymes vociférations.

Oui, le peuple du Net se déchaîne. Tout sujet qui peut éponger un chouia sa hargne dégueulatoire est bienvenu, quitte à révéler les paradoxes de sa logorrhée.


Les premiers à hurler l’extrême menace sur notre liberté d’expression par un régime policier tendance SSifiante, en usent et en abusent sans commune mesure depuis mai 2007. Alors que chaque internaute, prolixe au commentaire implacable, se régale des contradictions de ceux qui tentent de gouverner, de gérer vaille que vaille malgré les puissances qui les dépassent – le panurgisme financier, l’irrépressible et dévastatrice cupidité – la plupart se dissimule bien lâchement derrière un protecteur pseudo et ne pourrait supporter qu’on les confronte à leur versatilité en alignant la totalité de leurs interventions.


Certains de ceux qui se scandalisent des frasques peu culturelles du moelleux Mitterrand, le Frédo pas feu Fanfan, et du passé sexuel de Polanski, cachent de peu avouables parcours sur la toile que seul le flicage de leur IP pourrait révéler.


Ça renifle la pudibonderie forcenée, celle qui fustige puis condamne sans vraiment connaître la démarche testimoniale d’un homme. Plus question de prétendre à un quelconque poste issu, directement ou pas, de la souveraineté nationale si le parcours affiche la moindre tache pour les mœurs acceptables. Y a-t-il eu pédophilie actée ? Rien ne le laissait ouvertement présager et l’acte de communication du ministre l’a solennellement niée… Il aurait simplement ajouté « roman » sur la couverture de sa Mauvaise vie et le tour était joué : plus d’attaques autres que littéraires, n’est-ce pas Houellebecq ? Le genre romanesque, embrassé parfois par des faux jetons, a encore un radieux avenir.

La Bassine Le Pen, elle, s’est réveillée sur le tard pour tenter le retour d’un parti en faillite. Cet acharnement nous ferait-il entrer dans une Inquisition populiste où la surenchère deviendrait l’unique boussole politique, où l’épidermique réaction à une ignominie factuelle (par exemple le meurtre de la malheureuse Marie-Christine Hodeau) conditionnerait les pontes frénétiques d’un législateur opportuniste et brouillon ?

Le tintamarre aura eu un mérite : révéler le ras-de-terre des quadras du PS, toujours en première ligne pour étriller les travers de leurs aînés. Ça, il la change la pratique politique les Hamont, Montebourg et Valls : plus une bouillabaisse pachydermique, mais une infecte pituite…

Incessant envahissement de la toile par les conspirationnistes : leur plus vile gesticulation assène que les attentats du Onze Septembre 2001 ne proviennent pas des basses œuvres d’Al Qaida : comme une ultime défécation sur les poussières des victimes. Régulièrement sur les écrans, et pas seulement des ordinateurs, les ouailles de l’immonde Meyssan entretiennent le culte des diaboliques USA à l’origine du plus impressionnant attentat auto-terroriste de l’histoire humaine.


S’interroger sur les coupables négligences et salauderies d’une administration Bush, quoi de plus légitime (citons le documentaire de V. Kanban, 11 septembre 2001 : le dossier d’accusation, 2006). La part suspecte et malodorante de ce révisionnisme tient dans le transfert de responsabilité que certains défendent au point de nier la réalité même des cadavres ou l’évidence architecturale d’un effondrement. Ont-ils seulement regardé la magistrale explication dans Les Twin Towers, autopsie d’un effondrement (2002) de Ben Bowie ? Sûrement pas, car ce qui leur importe n’est nullement le doute, mais le prosélytisme nauséeux.

Et le pompon ? Pour le rejeton Sarkozy qui vient de céder à la meute insatiable du Net. Naïveté crétine ou extrême mauvaise foi chez les cent mille signataires de la pétition en ligne contre l’accession du médiatique Neuilléen à la présidence de l’EPAD ? Peu nombreux sont les parents, habités par une affection minimale pour leur progéniture, qui ne fassent jouer leurs éventuelles relations pour faciliter un début de carrière professionnelle à leur enfant.

On voudrait que celui qui a été choisi par des électeurs aussi enclins aux passe-droits incarne la vertu désintéressée ? Si ce n’est pas se foutre du monde et brailler pour brailler…
Rappelons, pour la mise en perspective historique, que tous les présidents de la République ont porté assistance à un entourage affectif en devenir, y compris l’intègre de Gaulle qui veillait à éteindre les lumières élyséennes dans les espaces quittés.

Un Syndrome du Titanic pour l’humanité en pleine course fatale selon le captateur Nicolas Hulot à la saine révolte. Le net travers d’une masse indistincte d’internautes consiste lui à dévoyer un formidable outil d’échanges en un vecteur du minable mais si rassurant suivisme. Des protestations au comble du conformisme. Rideau !

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