02 juillet 2017

De la part d'un petit "rien"

Rika Zaraï - "Sans chemise, sans pantalon"
J’avais la plume affûtée pour moucher les insoumis à la chemise incertaine et la haute volée de leurs débuts parlementaires : savoir si le tee-shirt de François Ruffin devait être assumé par le groupe rebelle du torve Mélenchon. Voilà le premier débat interne des vitupérateurs d’extrême gauche. Je m’apprêtais à ironiser sur ces zigotos du braillement bien plus proches du Sans chemise, sans pantalon de la joyeuse Rika Zaraï que des sans-culottes révolutionnaires. L’ironie s’intensifiait avec le sacré compromis trouvé : venir tous sans cravate, mais avec chemise. Ruffin a raison : un parlementaire sous la bannière mélenchoniste ne mérite pas plus qu’un Smic vu le niveau des préoccupations. Tout juste un surplus de postillons pour les bruyantes vocalises à venir.

Macron et son "Rien"
Et puis, patatras ! Macron déraille avec sa métaphore ferroviaire : première vraie gourde verbale du quinquennat, sans doute à la hauteur des « sans-dents » de Hollande et du « casse-toi pov’ con ! » de Sarkozy. En qualifiant ceux qui ne réussissent pas, selon d’obscurs critères politico-vaseux, de « gens qui ne sont rien », le Jupiter vient de sortir de son orbite. Aurait-il trop visionné la dernière pub de Volkswagen sur le « Rien » ? Est-il pris d’une angoisse sartrienne sur le néant ? A-t-il eu des remontées du gentil navet avec Terence Hill qui lançait son « Je m’appelle Personne » et à qui on pourrait aujourd’hui répondre : « Et moi, je suis Rien ! » ?


Cela va, sans conteste, polluer son discours au Congrès et ses premières réformes, dont celle du Code du travail destinée, selon le prisme nouveau, à tenter de faire devenir quelque chose ceux qui se contenteraient de leur pas-grand-chose existentiel. La formule se décline déjà à toutes les sauces sur les réseaux ultra-réactifs. La condescendance mal placée a toujours exaspéré le peuple à la grogne sensible. Alors, Monsieur le Président, attention aux faux pas dans le Rien qui ne vous fassent embrasser trop vite le Néant politique.